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Traitement du patrimoine industriel en métal peint. Le cas d’une voiture à pédales Euréka (1933-1936, Cité de l’automobile – Collection Schlumpf)

Présentation générale

Le modèle de voiture à pédales Touriste 203, produite par la société de jouets Euréka, a fait l’objet d’un travail de mémoire soutenu à l’Institut national du patrimoine (2020). Il s’agit d’un jouet mécanique sportif, construit à la chaîne, et principalement constitué de tôles en alliage ferreux sur lesquelles ont été appliqués plusieurs revêtements peints et un revêtement métallique (nickel-chrome).

Voiture à pédales Touriste 203 de la marque française de jouets Euréka.

Les décors peints majoritaires de l’objet

Des observations ainsi que des analyses FTIR-ATR, Raman[1] et MEB-EDS, ont mis en évidence plusieurs types de décors peints sur l’objet. Les décors se composent de trois couches peintes. Pour le décor bleu : une couche rouge dont la nature du liant n’est pas connue (02), une couche rouge nitrocellulosique (03) et une couche bleue à base de liant alkyde-huile (04). Pour le décor rouge : deux couches rouges identiques à celles du décor bleu (02 et 03) et une couche rouge dont la nature du liant n’est pas connue (04). Cette stratigraphie multicouche, différente de celle des modèles d’origine[2], nous laisse supposer que la voiture a été décapée une première fois puis repeinte à plusieurs reprises.

Décor bleu et décor rouge de la voiture à pédales Euréka.

Problématique posées par le métal peint

Les altérations les plus présentes sur l’objet concernent les pertes d’adhérence à l’interface métal / revêtement nitrocellulosique. Ces phénomènes ont pour origine des mécanismes multiples qui sont étroitement liés. Le plus souvent ce sont les défaillances des revêtements peints qui entraînent la corrosion du substrat métallique puis la délamination du film peint en contact. La corrosion du substrat peut également être liée à une mauvaise préparation de la surface métallique, contaminée par la présence de sulfates ou de contaminantes ioniques.

Interventions de conservation-restauration

Le traitement des alliages ferreux peints a débuté par l’allègement, au scalpel, des produits de corrosion permettant de réduire la réactivité des surfaces corrodées et d’améliorer la future remise en contact des revêtements soulevés dont les pertes d’adhésion avaient principalement lieu sur le décor bleu, à l’interface laque nitrocellulosique / métal. Le peu d’études portant sur la restauration des objets en métal peint du patrimoine technique et industriel, notamment sur les revêtements non huileux, a motivé la mise en place d’un protocole technico-scientifique portant sur la recherche d’un adhésif adapté au refixage de la laque sur un support ferreux. Parmi les mélanges résines-solvants compatibles avec les liants nitrocellulosiques, le Paraloïd® B72 à 10 % dans le toluène a répondu au mieux aux critères de viscosité, temps de prise et adhérence qui ont été testés au cours de ce protocole. Il a été employé pour le refixage du décor bleu.

Conclusion

Le projet d’étude et de restauration de la Touriste 203 a permis de travailler sur un objet présentant de nombreuses altérations caractéristiques des œuvres en métal peint. La présence d’un revêtement, peu étudié jusque-là, a imposé beaucoup de précautions et d’échanges préalables à la mise en place de nos interventions. Plusieurs traitements complexes, tels la stabilisation et le retrait des produits de corrosion, présents sous et sur les revêtements, ont souvent souvent été très limités par la sensibilité mécanique et chimique des couches peintes et nécessiteraient des études et des tests plus poussés. Nous espérons toutefois que ce travail trouvera son utilité auprès d’autres restaurateurs, notamment dans le cadre de travaux portant sur les métaux peints.

Notes

[1] Analyses réalisées par Julie Gordon au laboratoire Monaris (UMR 8233).

[2] GRANDVOINNET Marcel, Euréka. Un siècle de jouets de rêve, Paris, La Librairie du collectionneur, 1991, p. 30.

Auteurs

Julia Jouet*
Conservatrice-restauratrice du patrimoine métallique

Brice Chalançon
Responsable de l’atelier de restauration pour l’Association de gestion du musée national de l’Automobile de Mulhouse (Collection Schlumpf)

Anne Genachte-Le Bail
Physico-chimiste, adjointe à la responsable du laboratoire de l’Inp

Monika Neuner
Conservatrice-restauratrice du patrimoine spécialité peinture et verre

Marie-Anne Loeper-Attia
Chargée de la conservation préventive et curative à la Cité de la musique, chargée d’enseignement dans l’atelier Arts du feu

* Auteure correspondante.


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
INP (2 février 2021). Traitement du patrimoine industriel en métal peint. Le cas d’une voiture à pédales Euréka (1933-1936, Cité de l’automobile – Collection Schlumpf). Variations patrimoniales. Le carnet de l’INP. Consulté le 23 mars 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/12sok


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