Le vitrail
Le vitrail est un objet singulier peu étudié. Il est à la fois œuvre d’art à la couche picturale fragile et élément d’architecture participant à l’étanchéité de l’édifice. Limite visuelle poreuse, il filtre la lumière pour créer une vibration colorée qui accompagne et structure l’espace.
Dans cette paroi lumineuse qui conserve toute sa valeur d’usage dans un édifice, la lacune se lit à différentes échelles : écaille de peinture, fragment ou pièce manquante, panneau dans une lancette, lancette dans une baie ou fenêtre dans une architecture. Chacune à leur niveau, ces lacunes viennent rompre la lisibilité de l’œuvre et de l’architecture en imposant un éblouissement.
Le vitrail, par sa position entre intérieur et extérieur, par sa nature transparente et fragile pose, au moment de sa restauration et de sa repose in situ, la question du traitement des lacunes. Mes recherches s’appliqueront à questionner nos pratiques actuelles de conservation et de restauration et particulièrement l’approche du complément de lacune à travers l’étude de trois chantiers d’époques et de problématiques différentes : l’arbre de Jessé du XIII° s. de la cathédrale de Troyes, la Bataille de Clavijot du XVI° s. de l’église Saint Pantaléon de Troyes, et l’Euchariste du charnier de l’église St Etienne du Mont à Paris, peinte au XVII° siècle. Nous explorerons lacune et vitrail, en tentant d’analyser les oeuvres et proposer de nouveaux champs d’étude et de perception de la lacune. Nous croiserons l’optique, la plasmonique (interactions lumière-matière) avec la restauration et la démarche créative. Nous confronterons le réel de la pratique quotidienne à la doctrine et à la déontologie tout en menant la critique du processus de création d’une oeuvre d’accompagnement.
Flavie SERRIÈRE VINCENT-PETIT, conservatrice-restauratrice.
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