Le dialogue interculturel au musée

Ni musée d’histoire, ni musée de « beaux-arts », ni musée d’ethnologie, ni musée d’histoire naturelle, ni musée d’archéologie… le musée universaliste est un peu tout à la fois. Comment décloisonner les catégories traditionnelles parfois clivantes (« beaux-arts », ethnographie, populaire ou savant…) pour faire du musée le lieu possible de nouvelles poétiques du monde, de nouveaux imaginaires ? Musée d’Ici comme musée des Ailleurs – dans l’idéal l’un ne prenant pas le pas sur l’autre –, c’est le lieu potentiel de toutes les questions et un formidable « laboratoire » pour penser une interculturalité située.

Comment dès lors la mettre en œuvre et la placer au cœur du projet muséal ? Dans la continuité de la réflexion des musées de société et du « musée du XXI^e siècle », comment investissons-nous au quotidien le rôle social du musée en réajustant notre posture pour passer du cas pratique à l’éthique professionnelle ? Comment opérer progressivement un changement de paradigme vers l’interculturel ?

Depuis une quinzaine d’années en France, les réflexions sur le dialogue interculturel ont investi le champ culturel et patrimonial. Suite à l’année européenne du dialogue interculturel en 2008, le groupement d’intérêt scientifique Ipapic (Institutions patrimoniales et pratiques interculturelles) ouvre, avec d’autres, de nouveaux champs de recherche sous l’impulsion d’Hélène Hatzfeld. Ce projet de thèse propose de travailler sur l’interculturalité au musée aujourd’hui, non pour « créer des ponts entre les cultures » mais plutôt pour envisager le musée comme espace culturel d’interaction, de rencontres et de réciprocité pour agir ensemble.

Elikya KANDOT, conservatrice du patrimoine, directrice des musées de Boulogne-sur-Mer. Elle a démarré son doctorat sur projet en 2022 (mention « Études patrimoniales »).