Le jeu d’abbia du Sud-Cameroun : passé, présent et futur
Stage effectué au musée Rautenstrauch-Joest à Cologne (Allemagne) du 13 février au 26 mars 2023.
Venu des profondeurs de la forêt équatoriale du Cameroun, tu as traversé les ponts, les mers et les océans. À travers le temps, la beauté de tes pions (jetons) montre la richesse des représentations symboliques ainsi que la patience de ceux qui t’ont façonné avec passion pour le plaisir des amateurs de jeux et de gains. N’ayant ni mesure ni limite, les gains de tes amateurs vont du simple objet quotidien aux plus grandes richesses (plantation, troupeau, case, voire l’être humain). Déraciné de ta terre natale, détruit et interdit de jeu par la colonisation allemande au début des années 1900, tes jetons peuplent les réserves et les salles d’expositions de musées dans le monde entier. Je te trouve avec étonnement il y a quelques mois au Muséum d’histoire naturelle de La Rochelle, en France, et sans surprise te retrouve au musée Rautenstrauch-Joest de Cologne, en Allemagne. Notre première rencontre en ce lieu date de 2021 lors de mon séjour au musée en tant qu’alumni du programme The MuseumLab. La beauté de tes jetons m’interroge. Qui es-tu ? Que fais-tu si loin de chez toi ? Pourquoi as-tu été interdit ? Quelle était ton rôle et ta place dans la société précoloniale des « Pahouin du Cameroun », ces peuples de la zone forestière du grand Sud-Cameroun (Fang, Béti, Bulu) ?
C’est sur la base de ces questions que j’accepte avec grand plaisir la mission que me confie Nanette Snoep, la directrice du musée Rautenstrauch-Joest « Les cultures du monde » de Cologne – musée ethnographique dédié à la présentation de collections ethnographiques en provenance d’Afrique, des Amériques, d’Asie et d’Océanie – lors d’un entretien en vue de mon stage à l’étranger au cours de ma formation à l’Institut national du patrimoine (INP). Il s’agira de documenter la collection de jetons d’abbia qui dort dans les réserves du musée depuis des années (depuis 1902 pour les premières pièces et 1954 pour les autres) afin de les valoriser au sein d’une exposition future sur les jeux de société à travers le monde, intitulée « Du bist dran! Wie das Spielen die Welt spiegelt » (« À toi de jouer ! Comment le jeu reflète le monde » (21 mars-21 juillet 2024).

Vue extérieure du musée Rautenstrauch-Joest Museum, Cologne, 2023. © photo Paule-Clistène Dassi-Koudjou.
Ce travail documentaire sur l’abbia s’inscrit dans une vaste entreprise de documentation des collections ethnographiques issues de la période coloniale allemande au Cameroun, en vue d’une potentielle restitution de biens. Durant mon séjour à Cologne, mon travail porte sur quatre grands axes : la préparation de deux expositions temporaires (« Artist meets achive #3: Lebohang Kganye. Shall you return everything, but the burden » et le jeu d’abbia), la proposition d’un projet de médiation pour l’un des objets du parcours d’exposition en cours de restitution, et la correction des informations dans la base de données pour une partie des collections du Cameroun conservées au musée. Dans le présent article cependant, mon attention se portera exclusivement sur l’abbia, jeu de société précolonial des « Pahouins du Cameroun », c’est-à-dire des peuples fang, béti et bulu présents dans la zone forestière du Sud-Cameroun.
Présentation et histoire du jeu de l’abbia
En langue bulu et éwondo, le mot « abbia » signifie littéralement « gage[1] ». Il désigne un jeu de hasard, de troc et d’échange pratiqué par les sociétés précoloniales[2] (Fang, Béti, Bulu) du grand sud du Cameroun, du nord du Gabon et de la Guinée Équatoriale, dont il était un élément cosmogonique et un important instrument d’équilibre social. Utilisé comme un moyen de divertissement par les uns, comme un élément rituel, sacrée et de pouvoir pour d’autres, ses jetons servaient aussi bien de monnaie d’échange que d’éléments d’identification et de distinction clanique. Les motifs gravés sur les jetons décrivent certains des aspects physiques et symbolique de l’environnement dans lequel vivaient les Pahouins. Les jetons présentant des signes et des éléments cosmiques servaient dans les rituels tel le Nso’o (rituel d’initiation actant le passage des jeunes garçons de l’adolescence à l’âge adulte). Ils étaient également utilisés dans l’exercice de la médecine et de la divination (lecture du futur par les initiés).
La pratique du jeu était réservée aux hommes. Le principe de l’abbia consiste, pour chaque joueur ou équipe de joueurs, à mettre en gage un bien appelé à devenir le gain du vainqueur en fin de jeu. La mise représente, dans la majorité des cas, quelque chose qui est convoité par les joueurs et qu’ils ne possèdent pas encore. La nature et la valeur de ces mises – et donc des gains qui en découlent – sont variées et dépendent du statut social des personnes qui jouent, allant du plus petit objet jusqu’à de grandes richesses (terres, cheptel…) en passant par des objets de prestige ou de pouvoir (sur le plan spirituel) et même des biens inestimables telles des personnes (un homme qui convoite une femme ou une jeune fille peut jouer pour la recevoir comme épouse, des personnes sans enfant peuvent jouer pour adopter un enfant « gagé »). Parmi les biens les plus prisés, on trouvait des objets importés en provenance d’autres localités, des objets de commerce, et particulièrement les objets importés par les administrateurs coloniaux et les marchands européens.
Comme tant d’autres éléments sociologiques et culturels des peuples africains, la pratique de ce jeu fut interdite par l’administration coloniale allemande à partir d’une période comprise entre 1900 et 1902. Ses artefacts furent tantôt détruits tantôt emportés dans les valises coloniales pour être présentés comme autant d’objets de curiosité par des collectionneurs, ou offerts aux musées de leur ville d’origine par des soldats et autres administrateurs coloniaux. L’interdiction, la collecte et la destruction de ces éléments patrimoniaux ont eu de nombreuses répercussions néfastes sur l’existence sociale et spirituelle des populations concernées qui virent ainsi détruire, se perdre ou disparaître des objets pour eux essentiels. Tel fut le cas avec l’interdiction de la pratique du jeu d’abbia puisque sa disparition progressive entraîna la disparition de plusieurs rituels initiations dont celui, central, du Nso’o.
Au sein de cette destruction culturelle, certains éléments considérés comme plus attirants ou plus intéressants que d’autres, attisèrent la curiosité de collectionneurs qui s’employèrent à mieux connaître leur rôle et leur symbolique. C’est ainsi que le jeu d’abbia bénéficia de l’attention de l’anthropologue allemand Otto Carl Reche[3]. En 1902, ce dernier fit venir depuis Yaoundé un membre de l’« élite » du clan des Éwondo. Paul Messi[4] séjourna un an à Hambourg, durant laquelle il s’entretint longuement avec Reche à propos du jeu d’abbia, et travailla à documenter la collection de jetons acquise cette même année par le Völkundermuseum.

Série de vingt-cinq jetons d’abbia mixtes représentant : une paire de botte ; un bouclier ou tambour ; trois cadres de portes (une forme de cerf-volant et deux motifs de nappe en raphia) ; quatre représentation de la route ou du chemin ; une représentation du fleuve et de sa bordure ; une représentation de la mer et du bord de mer ; une girafe ; deux chauves-souris ; trois symbolisations de la féminité sous divers angles, mais identifiées par Reche comme des groupes d’antilopes ou de gazelles (la femme ou la jeune fille étant fréquemment comparée à la gazelle) ; un pagne de femme ou cache sexe féminin ; une pirogue ; quatre antilopes ; deux oiseaux couvant des œufs ; un rat sauvage. © photo Paule-Clistène Dassi-Koudjou.
Production, symbolique et signification des motifs de l’abbia
D’après la littérature existante[5], les jetons d’abbia sont produits à partir des graines de la « noix d’élan » (Mimusops letestui Lecomte). Après la cueillette, les graines de ce fruit (qui mesurent environ 3 cm de long et 2 cm de large) de la famille des Sapotacée sont recueillies, nettoyés, séchées et préparées par les femmes et les enfants afin d’être vendues aux sculpteurs qui les sépareront en deux parties et y graveront des motifs. Les artisans sculpteurs spécialisés gravent des motifs dont une partie représente l’environnement direct dans lequel ils se trouvent, tandis qu’une autre partie est constituée de symboles et d’évocations mythologiques.
Il faut noter que, d’après le témoignage de Paul Messi, une graine sous sa forme brute coûtait alors deux baguettes de fer, mais qu’une fois gravée elle coûtait cinq baguettes. Il est difficile d’établir une correspondance avec des valeurs monétaires actuelles, cependant, le fer étant rare et précieux à cette époque, on est conduit à penser que seules des personnes relativement riches avaient la capacité de se procurer un nombre important de jetons d’abbia.
Les joueurs
Le nombre de joueurs n’est pas limité, il est souvent de 2, 4, 6 ou 8 mais parfois davantage selon le lieu où se déroule le jeu (chez un particulier, dans une concession familiale, à la place de la chefferie du quartier, chez le chef de canton, etc.). Toute personne adulte issue de n’importe quelle couche sociale a le droit de prendre part au jeu pour peu qu’elle puisse se procurer des jetons et de quoi engager une mise. Dans les faits, les joueurs d’abbia sont majoritairement masculins. Bien que le jeu ne leur soit pas interdit, il est difficile pour les enfants d’y participer puisqu’il leur manque les moyens de se procurer les je tons et qu’ils ne disposant pas de bien personnel. Ils sont tout de même initiés au jeu à partir de l’adolescence.
Le jeu
L’abbia se joue selon des règles qui diffèrent d’une région ou d’un village à l’autre. Au préalable, les gages mis en jeu sont identifiés. Pour les remporter, chaque joueur doit choisir de miser sur l’une des faces des jetons, ou bien sur l’un des motifs gravés (animal mort, animal traqué, animal pris au piège, poisson, oiseau, ou symbole). Les jetons sont ensuite jetés comme des dés. Selon qu’ils tombent côté pile ou côté face, ou selon qu’il tombe sur tel symbole, la victoire est attribuée à l’un des joueurs ou à l’une des équipes de joueurs, qui remporte le bien mis en gage.
Selon Cyrille Bella, chaque joueur ou équipe choisit un ou plusieurs jetons représentant un motif ou un ensemble de motifs consignés par l’arbitre. Les jetons sont ensuite placés ensemble dans une calebasse présentant une légère ouverture sur le dessus, vigoureusement secouée puis brutalement retournée sur une table ou une natte. Après que l’on ait soulevé la calebasse, on procède au décompte des motifs. Le joueur ou l’équipe qui bénéficie de la majorité de motifs gagne la partie et remporte le bien mis en gage. Dans cette version, l’intégralité de la partie se joue sur la base des motifs gravés à la surface du jeton, y compris les gages puisque le gain correspond au motif gravé sur la face des jetons gagnants.
L’abbia et spiritualité
Reprenant l’hypothèse de Maurice Pervès[6], Paul-Henri Souvenir Assako Assako[7] avance que les jetons d’abbia n’étaient pas uniquement utilisés en guise de divertissement et pour l’intérêt offert par les gains mais entraient dans le cadre d’une expression spirituelle. En relation avec le cosmos, les idéogrammes et les pictogrammes reproduits sur les jetons servaient, on l’a vu, lors de cérémonies d’initiation comme le Nso’o, ou lors de pratiques divinatoires. Selon Assako Assako, cette dimension spirituelle explique la simplicité des règles de jeu, le véritable enjeu de celui-ci n’étant pas placé sur un plan pragmatique mais spirituel : le résultat du jeu, la victoire apparente était in fine la concrétisation d’une victoire spirituelle.
La signification des motifs
- Des représentations anthropomorphes :
- la vie quotidienne : figuration humaines en groupe ou isolées (scène de chasse, pêche, agriculture) ;
- la vie de couple, très importante pour la pérennité de la communauté (deux personnes face à face, ayant un objet entre eux, sur une tente, sur une natte, etc.) ;
- la musique et la danse (personne debout les bras levés, personne en présence d’instruments de musique, personne les bras tendus vers l’avant, etc.) ;
- Des représentations zoomorphes (animaux en mouvement, traqués blessées, pris au piège ou morts) :
- la flore (plantes, et espèces végétales de l’environnement immédiat tels le palmier et divers arbres fruitier) ;
- la faune domestique et sauvage (chien, chat, poule, porc, serpent, tortue, lièvre, antilope, biche, phacochère, pangolin, hippopotame, rhinocéros, singe, panthère ou léopard, etc.) ;
- les différentes espèces de poissons présents dans les fleuves et les rivières alentours (carpe, sole, silure, tilapia, canga, ongong, etc.) ;
- les oiseaux et rapaces (corbeau, épervier, vautour, perroquet touraco, poule, perdrix, pintade, etc.).
- Des représentations d’objets mobiliers de la vie quotidienne, d’objets de prestige et d’objets européens :
- les choses et objets du quotidien (tissus ou cache-sexe de femme, chaussure, pagne en fibre de raphia ou en écorce d’arbre (Obom), les nattes, les ustensiles de cuisine (cuillères, bol, calebasses, gourdes, etc.) ;
- les objets convoités et venant d’autres localités (armes à feu, ânes, chevaux, bicyclettes, etc.) ;
- la représentation des cases, des cadres de porte, des instruments de musique, les fleuves et rivières, les objets précieux comme les défenses d’éléphant.
Des figures géométriques symbolisant spiritualité et croyances sous forme d’idéogrammes (masques, symbole de la fécondité et de la féminité, objets de pouvoir, etc.), et des objets en rapport avec la spiritualité et le cosmos.

Jeton d’abbia représentant un oiseau couvant des œufs. © photo Paule-Clistène Dassi-Koudjou.
La valorisation sociale actuelle du jeu d’abbia en Allemagne et au Cameroun à travers des expositions temporaires
Préparation de l’exposition sur les jeux de société, et travail de documentation des jetons d’abbia au musée Rautenstrach-Joest de Cologne
Durant les quelques semaines passées au musée Rautenstrauch-Joest, je me suis passionné pour l’étude et le décryptage des figures gravées sur les minuscules pièces du jeu d’abbia. La beauté et la finesse de leurs lignes appelle la curiosité et soulève de nombreuses questions sur les communautés qui les ont produites. Ces éléments matériels m’ont conduite à me documenter sur la sociologie et l’environnement dans lequel évoluaient les Pahouin du Sud-Cameroun. Aborder le jeu d’abbia et son histoire mène ainsi, à travers l’étude d’éléments physiques liés au patrimoine immatériel d’un peuple ou d’un groupe social, à aborder la compréhension de la structure et de l’organisation de ces derniers.
La collection est constituée d’environ 300 jetons entrés au musée en 1902 puis en 1954 sous forme de dons en provenance du « Sud-Cameroun[8] » selon le registre des acquisitions du musée. Mon étude a consisté à identifier leurs motifs puis à comparer ces motifs avec ceux des jetons déjà documentés par ailleurs. Mes observations sont venues compléter et renseigner la base des données du musée, tandis que je participais parallèlement à l’élaboration du synopsis d’une prochaine exposition temporaire consacrée aux jeux de société dans le monde.
Au Cameroun
Parallèlement à ces travaux, le Musée ethnographique et d’histoire des peuples de la forêt d’Afrique centrale, à Yaoundé, organisait une exposition photographique temporaire sous le titre « L’Abbia. L’Art atypique béti[9] » (22 juin-22 août 2023). Cette exposition avait pour but de présenter à la jeune génération cet art ancestral oublié des peuples de la forêt, afin d’encourager le réveil culturel des jeunes de ces régions en particulier, et du Cameroun en général.

Carton d’invitation pour le vernissage de l’exposition « L’Abbia. L’Art atypique béti », Musée ethnographique et d’histoire des peuples de la forêt d’Afrique centrale, Yaoundé, 2023. © DR.
Les représentations de l’abbia dans la société camerounaise actuelle
Considérés comme négatifs par l’administration coloniale, les jetons et motifs de l’abbia ont retrouvés leurs lettres de noblesses au sein de la société camerounaise au lendemain des Indépendances. En divers secteurs de la société camerounaise actuelle, il est désormais fréquent de rencontrer les motifs de l’abbia :
- l’ensemble des logos des universités publiques du Cameroun a été dessiné sur le modèle des jetons d’abbia[10] (à l’intérieur d’une forme générique en amande, le motif et la symbolique de chaque logo renvoie à l’esprit et aux enseignements prodigués par chaque établissement) ;
- des sculptures et des fresques murales en forme de motifs d’abbia sont déployés dans les sous-sols du monument de la réunification du Cameroun, où ils symbolisent la richesse culturelle et spirituelle des régions du Sud du pays ;
- un cinéma (à présent fermé) et une bibliothèque de Yaoundé ont été nommés d’après l’abbia ;
- les jetons d’abbia ou leurs motifs sont abondamment repris, cités ou représentés dans les œuvres d’artistes contemporains camerounais (sculpture, peinture, création vestimentaire…) ;
- durant les années 1960 et 1970, l’État du Cameroun émit des timbres postaux figurant des motifs d’abbia ;
- les jetons d’abbia ou leurs motifs sont présents sur de nombreux supports de décoration d’intérieur, sur des vêtements (pagnes) et sur des objets cadeaux (mugs, tasses, etc.).
Conclusion
Ce petit voyage dans le temps qui me semble déjà si loin et pourtant si présent entre Paris et Cologne me rapproche inévitablement de l’immensité de la verdoyante forêt du Sud-Cameroun. L’abbia connecte passé, présent et futur : de nombreux projets de jeunes artistes et de promoteurs culturels camerounais autours des jetons, de la philosophie et de la spiritualité de l’abbia assurent son ancrage dans le Cameroun de demain – à l’instar du projet « Le Royaume de l’école du cinéma Abbia » qui a pour vocation de former des jeunes à l’art et aux techniques du cinéma. Ces initiatives citoyennes autant que les initiatives muséales laissent entendre que ce qui se présente comme un simple jeu offre en réalité la possibilité de s’immerger dans la vie sociale d’un peuple.
À la surface de ses jetons, l’abbia représente de nombreux aspects de l’existence, peut-être pour suggérer que la vie elle-même n’est que jeu. Encore faut-il, pour chacun de nous, comprendre et décider de quel côté y prendre part : du côté des vainqueurs, des vaincus, des observateurs…
Autrice
Paule-Clisthène DASSI KOUDJOU, conservatrice du patrimoine, spécialité musées.
[1] Signification donnée par Madame Alice Solange Dassi (née Bidoung Effa), d’ascendance bulu du Sud-Cameroun, lors d’un échange téléphonique sur la signification et la place de l’abbia au Sud-Cameroun, le 10 mars 2023.
[2] La colonisation allemande s’est étendue au Cameroun de 1884 à 1919.
[3] Otto Carl RECHE, « Das abia. Glücksspiel der Jaunde und die Darstellungen auf den Spielmarken », Mitteilungen aus dem Museum für Völkerkunde in Hamburg, vol. 9, 1924, p. 1-27. Il n’est sans doute pas inutile de rappeler que Otto Reche (1879-1966), en fervent promoteur des concepts de race et d’« hygiène raciale », consacra une part de ses recherches ethnologiques à mettre en évidence une hypothétique corrélation entre groupes sanguins et races humaines. Membre du parti nazi, il fut nommé directeur de l’Institut des sciences raciales et ethniques de Lipsk (Pologne) durant la Seconde Guerre mondiale. À ce titre, il plaida notamment en faveur d’un génocide du peuple polonais dans le but de préserver la pureté de la race allemande. Emprisonné par les forces d’occupation américaines durant quelques mois à l’issue de la guerre, il reprit par la suite ses activités professionnelles sans plus être inquiété.
[4] Otto Carl RECHE, « Das abia. Glücksspiel der Jaunde und die Darstellungen auf den Spielmarken » ; Cyrille BELA, « L’art des abbia : une forme d’expression sculpturale du pays pahouin », Afrique : archéologie et arts, n° 4, « Varia », 2006, p. 83-90, https://journals.openedition.org/aaa/1373 [lien valide en septembre 2023].
[5] Otto Carl RECHE, « Das abia. Glücksspiel der Jaunde und die Darstellungen auf den Spielmarken » ; Cyrille BELA, « L’art des abbia : une forme d’expression sculpturale du pays pahouin » ; Paul-Henri Souvenir ASSAKO ASSAKO, « Logo University Yaounde », Exploring visual cultures [blog], février 2020, https://www.explore-vc.org/en/objects/logo-university-yaounde.html [lien valide en septembre 2023].
[6] Maurice PERVÈS, « Parmi les Fang de la forêt équatoriale : le jeu de l’abbia », Revue de géographie humaine et d’ethnologie, n° 3, 1949, p. 27.
[7] Paul-Henri Souvenir ASSAKO ASSAKO, « Logo University Yaounde ».
[8] Il est important de noter ici que le Sud-Cameroun ne représente pas uniquement l’actuelle région sud selon le découpage administratif, mais l’ensemble constitué des trois régions forestières du pays à savoir le Centre, l’Est et le Sud. La pratique du jeu d’abbia était néanmoins plus répandue dans les régions du Centre et du Sud. Le musée ne dispose pas d’information sur les lieux exacts de collecte des jetons qu’il possède. Il s’est également avéré difficile de déterminer le nom des personnes qui les ont collectés et transmis.
[9] Jeanne NGO NLEND, « Abbia : renaissance d’un art oublié », Cameroon Radio Television, 30 juin 2023, https://www.crtv.cm/2023/06/abbia-renaissance-dun-art-oublie/ [lien valide en septembre 2023].
[10] Paul-Henri Souvenir ASSAKO ASSAKO, « Logo University Yaounde ».
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
INP (1 septembre 2023). Le jeu d’abbia du Sud-Cameroun : passé, présent et futur. Variations patrimoniales. Le carnet de l’INP. Consulté le 13 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/qd1x