Heurs et malheurs des statues d’Auguste Bartholdi

Frédéric-Auguste Bartholdi, Jean-François Champollion, marbre, 1875. Cour sur rue du Collège de France, rue des Écoles (Paris). © source : Wikimedia (CC-BY-SA 3.0).
L’œuvre d’Auguste Bartholdi (né à Colmar en 1834, mort à Paris en 1904), statuaire qui fit des monuments publics sa spécialité, témoigne de la statuophilie qui s’épanouit dans la seconde moitié du XIXe siècle. Or, l’idéalisme républicain et humaniste qui parcourt son œuvre se confronte aujourd’hui à la remise en question de plusieurs de ses réalisations. Ce moment contestataire est le symptôme des questionnements contemporains et des enjeux de mémoire qui animent une partie de la société. Il n’est pourtant pas un phénomène nouveau, mais une étape de plus dans l’histoire de la réception de ces monuments, en miroir de l’âge d’or de la statuaire publique que fut la seconde moitié du XIXe siècle. L’histoire des œuvres publiques d’Auguste Bartholdi peut rendre compte des aléas de la réception des monuments présents dans l’espace public au gré des contextes historiques, politiques, sociaux et urbains. Elle entre en résonnance avec les enjeux contemporains de conservation et de mise en valeur d’un patrimoine directement accessible aux citoyens, dont la conservatrice que je suis est responsable.
Ces œuvres sont représentées au sein des collections du musée Bartholdi par des esquisses, des maquettes, des modèles ou des archives documentant leur genèse et les intentions du sculpteur. Ce projet de recherche vise d’abord à éclairer précisément et de manière sourcée l’historique de ces œuvres depuis leur création par Bartholdi, leur installation en contexte urbain, et leur réception par différentes générations de publics du XIXe siècle à nos jours. Il aura ensuite pour objectif de proposer et tester des formes de présentation de ces œuvres au sein du musée et dans l’espace public, dans la perspective d’une rénovation du parcours permanent d’exposition mettant mieux en évidence les enjeux urbanistiques, sociaux et politiques de la statuaire publique.
Juliette CHEVÉE, directrice-conservatrice du musée Bartholdi (Colmar) a démarré son doctorat par le projet en 2024 (mention « Études patrimoniales ») sous la direction de Véronique Moulinié (CY Cergy Paris Université, laboratoire Héritages) et François Blanchetière (conservateur en charge des sculptures et de l’architecture, musée d’Orsay).
Fortunes and misfortunes of Auguste Bartholdi’s statues
The work of Auguste Bartholdi (born in Colmar in 1834, dead in Paris in 1904), a statuary who made public monuments his specialty, bears witness to the statuophilia that flourished in the second half of the 19th century. However, the republican and humanist idealism that runs through his work is now being challenged by viewers calling into question a number of his creations. This protest moment is symptomatic of the contemporary questions and issues of memory that animate part of society. It is not, however, a new phenomenon, but rather another stage in the history of the reception of these monuments, mirroring the golden age of public statuary that was the second half of the 19th century. The history of Auguste Bartholdi’s public works reflects the hazards of reception of these monuments in the public space, in different historical, political, social and urban contexts. It echoes contemporary challenges of conserving and showcasing a heritage that is directly accessible to the public, for which the curator that I am is responsible.
These works are represented in the Musée Bartholdi collections by sketches, models and archives documenting their genesis and the sculptor’s intentions. The aim of this research project is firstly to shed light on the history of these works, from their creation by Bartholdi, their installation in an urban context, and their reception by different generations of the public from the 19th century to the present day. The second aim will be to propose and test ways of presenting these works within the museum and the public space, with a view to revamping the permanent exhibition route to better highlight the urban, social and political issues surrounding public statuary.
Juliette CHEVÉE began her doctoral studies in 2024 (specialising in heritage studies).
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
chevee (3 février 2025). Heurs et malheurs des statues d’Auguste Bartholdi. Variations patrimoniales. Le carnet de l’INP. Consulté le 19 avril 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/138bu